Pont

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Le Pont de Neuilly en 1872

L'accident du bac :

Jadis, on arrivait à Courbevoie par la fameuse route de Normandie. On traversait alors la Seine au moyen d'un bac créé depuis 1140 par l'abbé Suger. Les religieux de l'abbaye de Saint-Denis jouissaient alors du droit de péage.

Le 9 juin 1606, l'accident du bac reliant  Neuilly à Courbevoie faillit coûter la vie à Henri IV et à Marie de Médicis. L'accident fut relaté par Jean Hérouard, médecin du Dauphin, dans son journal personnel
:

« A la descente du bac de Neuilly tout le carrosse tomba dans l'eau, à la main gauche de la reine étant à la portière, et le roy couché du long en dedans, où il s'étoit mis, un peu avant, pour dormir. Ce fut ainsi que les chevaux étoient près d'entrer dans le bac, l'un de ceux de derrière glisse, le cocher le fouette; se voulant relever, il retombe, tire et fait tomber son compagnon, et le carrosse renverse en l'au, sur la nacelle attachée au bac, qui s'enfonça mais empêcha que le carrosse n'allast tout au fond.

Monsieur de Monpensier se jeta le premier dehors par la portière qui étoit en l'air d'environ un demi pied. Monsieur de l'Isle Rouet y va, appelle le roi, qui n'avoit que la tête et un bras hors de l'eau, lui prend les mains, le met hors de l'eau (le roi disant) disant 'que l'on aille à ma femme'.

En sortant il rencontra Monsieur de Vendôme qu'il met hors de l'eau. Cependant la reine était toute dans l'eau à la portière et elle beut plus qu'elle ne vouloit, et sans un sien valet et un gentilhomme nommé La Chastaigneraie, qui la prist par les cheveux, s'étant jeté à corps perdu dans l'eau pour l'en retirer, couroit fortune inévitable de sa vie. Cet accident guairist le roy d'un grand mal de dent qu'il avait, dont le danger estant passé il s'en gossa, disant que jamais il n'y avoit  trouvé meilleure recette; au reste qu'ils avoient mangé trop de salé à disner, et qu'on avait voulu faire boire après.

Mais il avoit plus à remercier Dieu qu'à rire de ceste délivrance, laquelle provenoit d'En-Haut ».

La construction du premier pont :

La reine tant effrayée par cet événement, sollicita du roi la construction d'un pont. Christophe Marie, entrepreneur général des ponts de France, se vit confier par Sully la conception de l'ouvrage (un pont de Paris porte aujourd'hui son nom sur l'Ile de la Cité). En 1609, Rémy Basset, charpentier à Chateaudun, fut chargé de la réalisation de l'ouvrage en bois pour la somme de 42.000 livres.

Il fut construit en deux parties. La première sur le bras de Seine côté Courbevoie, la seconde sur celui situé côté de Neuilly. Ce premier pont de bois, formé de 16 arches très rapprochées nécessaires pour supporter le poids de l'ensemble, ne fut pas très bien accueilli par les bateliers car il gênait la circulation fluviale, très importante à cette époque où les voies terrestres, étroites et cahotantes, rendaient le transport des chargements très difficile.

Un second pont de bois :

En 1639, Guillaume Andrieux fut chargé par Louis XIII de reconstruire l'ouvrage avec pour mission d'améliorer la navigation à et endroit. On lui confia donc l'élaboration de ce nouveau pont pour une somme de 45.000 livres et l'abandon des vieux matériaux.

Le second pont fut établi au même emplacement que le premier, c'est à dire dans le prolongement de la rue de Neuilly - anciennement nommée rue du pont - et celle de Courbevoie - rue du vieux pont - qui correspond aujourd'hui à la rue de l'abreuvoir. Prenant en compte les doléances des mariniers, l'architecte conçut un ouvrage de 14 arches au lieu de 16.

Mais en 1766, la débâcle des glaces, après un hiver particulièrement rigoureux, acheva d'endommager le pont en bois. Plusieurs travées furent rompues du côté de Courbevoie. Les travaux de réparation durèrent 3 semaines, rendant impossible toute circulation entre Courbevoie et Neuilly.

Perronet fut alors chargé par Louis XV d'établir les plans et devis d'un futur pont de pierre plus haut que le précédent ...

Répertoire
Répertoire des sites de Courbevoie